Musique ésothérique

Dans le mythe d’Amphion et Zéthos, deux frères sont chargés de la construction des murailles de Thèbes. Zéthos s’engage admirablement dans la construction avec une énergie et un travail considérables, comme on pourrait s’y attendre pour un tel exploit physique. Amphion, quant à lui, choisit une approche différente : il joue de la lyre et les pierres se mettent en place d’elles-mêmes. L’intrigue du mythe est assez simple, aussi fantaisiste ou fantastique soit-elle. L’interprétation du mythe peut nous donner un indice sur la véritable portée de la musique. Ainsi, de nombreux indices laissés par nos ancêtres intellectuels nous invitent à nous plonger dans les sphères plus profondes de la musique. Orphée, les sirènes, la chute des murs de Jéricho, et même le mythe de la création de Platon dans le Timée, montrent tous l’importance, voire la primauté, de comprendre la musique si nous voulons comprendre notre propre existence et le monde dans lequel nous vivons.

Depuis l’Antiquité jusqu’à notre époque moderne, des groupes ont cultivé cette approche. Les Pythagoriciens étaient parmi les premiers à porter ce flambeau ; les néoplatoniciens ont continué à le souligner, transmis à divers érudits à travers le Moyen Âge tels que Jacques de Liège, Dante Alighieri, Bernard de Clairvaux. À partir du début du XVIIIe siècle, les Francs-Maçons sont devenus les principaux dépositaires de cette tradition musicale. Avec l’avènement d’Internet, une grande partie de ce savoir est aujourd’hui devenue facilement accessible.

A notre époque, les scientifiques découvrent (ou redécouvrent) des applications surprenantes de la technologie sonore et acoustique, des ultrasons et de la lithotritie au domaine de l’ingénierie acoustique, et même les ramifications psychologiques de techniques comme les battements binauraux. En ce sens, nous écoutons véritablement les indices laissés par ces grands intellectuels de leurs époques. Je crois que nous n’avons pas fini de comprendre et d’exploiter le grand nombre de possibilités techniques offertes par le son et qu’il nous reste encore un long chemin à parcourir pour comprendre la totalité des phénomènes musicaux dans notre existence en tant qu’individus et entités collectives de vie et de matière.